Du vivant d’Anne Gruner Schlumberger, de jeunes musiciens et leurs professeurs étaient accueillis en stage aux Treilles. À la fin de chaque session, un concert était organisé dans la salle de musique de la Grande Maison.
Soucieuse de renouer avec cette tradition musicale, la Fondation des Treilles a créé une Académie de la Voix dont la vocation est d’offrir à de jeunes professionnels un lieu et un support institutionnel leur permettant de perfectionner, au-delà de la technique vocale, l’art de la scène.
L’Académie de la Voix est dirigée par Ivan Alexandre, musicologue, metteur en scène, assisté de Julien Benhamou, directeur de l’administration artistique du Festival International d’Art Lyrique d’Aix-en-Provence et conseiller au casting du Metropolitan Opera de New York et d’Alain Perroux, directeur de l’Opéra National du Rhin.
Chaque année, la master-class est supervisée par des chanteuses et des chanteurs de renom. L’Académie de la voix recrute elle-même ses chanteurs (aucune candidature spontanée n’est étudiée).
Saisons
Quatre siècles de Bel Canto
Direction : Ivan Alexandre, musicologue, metteur en scène, assisté de Julien Benhamou, directeur de l’administration artistique du Festival International d’Art Lyrique d’Aix-en-Provence et conseiller au casting du Metropolitan Opera de New York.
Professeur invitée : Nelly Miricioiu
Chanteurs sélectionnés :
- Sopranos : Emma Fekete, Gloria Tronel
- Mezzo-sopranos : Joanne Evans, Kathleen Felty
- Ténor : Bastien Rimondi, Sun Tianxuefei
- Baryton-basse : Oleg Volkov
- Basse : Adrien Mathonat
Pianistes et maîtres de chant : Alphonse Cemin et David Zobel
Le Grove Dictionary propose cette définition du bel canto : « Style vocal du XVIIIe et du premier XIXe siècle, dont les principes reposent sur un legato parfait quelle que soit la tessiture, l’allègement de l’aigu, une émission agile et souple ».
Autrement dit le chant complet. La possibilité de tout exprimer, au-delà des mots, par la seule maîtrise de l’instrument. L’art du chant en soi indépendamment du genre, du personnage et même de la voix.
Indépendamment aussi de l’époque. Si nous reconnaissons le bel canto assoluto dans la virtuosité d’un Farinelli ou le grand spectacle vocal d’un Rossini, le même Rossini ne déplorait-il déjà pas son « affreuse décadence » ? Le bel canto ne serait-il pas la nostalgie du chant divin, d’un idéal, d’un Eden nécessairement disparu ?
En vérité, le ténor Giulio Caccini en pose les fondations dans ses Nuove musiche contemporaines des premiers opéras. Et ses règles imprègnent Norma, Rigoletto, Les Huguenots, Lakmé, jusqu’aux arabesques de Boito, Catalani, Strauss et au-delà.
De la « roulade » si décriée, que nous appelons aujourd’hui vocalise, Balzac dit qu’ « elle traverse l’espace en semant dans l’air ses germes qui, ramassés par les oreilles, fleurissent au fond du cœur ». Entre L’Orfeo de Monteverdi et The Tempest de Thomas Adès, visitons donc ces quatre siècles de floraison en prenant pour guide la belcantiste souveraine Nelly Miricioiu, surgie en Reine de la Nuit et titulaire de Lucia, Bolena, Tosca, enfin toutes les héroïnes du répertoire dont la chair est chant.
L’opéra français
Direction : Ivan Alexandre, musicologue, metteur en scène, assisté de Julien Benhamou, directeur de l’administration artistique du Festival International d’Art Lyrique d’Aix-en-Provence et conseiller au casting du Metropolitan Opera de New York et Alain Perroux, directeur de l’Opéra National du Rhin.
Professeur invitée : Annick Massis
Chanteurs sélectionnés :
- Sopranos : Claire Antoine, Brittany Olivia Logan, Alina Wunderlin
- Mezzo-soprano : Floriane Hasler
- Ténors : Laurence Kilsby, Sahy Ratia
- Baryton : Sergio Villegas-Galvain
- Basse : Stefan Egerstrom
Pianistes et maîtres de chant : Antoine Palloc et David Zobel
Photos : ©Julie Bourges et Dominique Laugé
Par ordre d’entrée en scène, le chant français fut le second à régner sur l’opéra européen, après l’italien mais avant l’allemand, le russe ou le tchèque qui ne s’imposèrent qu’à la faveur de l’élan romantique pour l’expression « nationale ».
Institué par Louis XIV en 1669, inauguré deux ans plus tard, l’opéra français ne se voulait pas national. Dès sa naissance il fut un genre en soi, codé mais universel. Un art multiple hérité à la fois du ballet aristocratique et de la déclamation tragique. Danse, énergie, fantaisie, élocution se mêlent dans des décors luxuriants. Grand spectacle et texte-roi : ce paradoxe nous distingue.
C’est en tout cas ainsi que notre art s’est imposé de Pomone à Saint-François d’Assise, élargi au gré des modes et des influences, mais perpétué par Rameau, Grétry, Berlioz, Gounod, Bizet, Massenet, Debussy, Poulenc et les autres. Art prétendu contraire au bel canto italien, et pourtant si vocal. Si divers dans sa singularité. Ne doit-il pas ses chefs-d’œuvre aux Européens Lulli, Gluck, Meyerbeer, Rossini, Donizetti, Verdi, Offenbach ?
C’est cet art, délicat et pourtant assez fort pour demeurer vivace trois siècles et demi après son invention, que l’Académie de la voix se propose de transmettre au cours d’une semaine aux Treilles dont le professeur invité sera l’incomparable Annick Massis. Style, langage, technique, répertoire, qui mieux que la soprano parisienne – secondée comme chaque saison par nos chefs de chant et notre équipe artistique – peut aujourd’hui en transmettre les secrets ?
L’Opéra aux XXe et XXIe siècles
Direction : Ivan Alexandre, musicologue, metteur en scène, assisté de Julien Benhamou, directeur de l’administration artistique du Festival d’Aix-en-Provence et d’Isla Mundell Perkins, directrice du casting de l’Opéra de Hambourg.
Professeur invitée : Dame Felicity Palmer
Chanteurs sélectionnés :
- Sopranos : Lucie Peyramaure et Johanna Wallroth
- Mezzo-soprano : Claire Barnett-Jones
- Contre-ténor : Paul Figuier
- Ténors : John Findon et Yoann Le Lan
- Baryton-basse : Cody Quattlebaum
- Basse : Sulkhan Jaiani
Pianistes et maîtres de chant : Nino Pavlenichvili et Alphonse Cemin
Mozart, Verdi, Puccini, Rossini, Wagner, Donizetti, Bizet, Johann Strauss II, Tchaïkovsky et Handel. Voilà par ordre décroissant le top 10 des compositeurs d’opéra les plus souvent affichés dans le monde cette saison. Ni Britten ni Janacek. Même Richard Strauss passe après Johann !
Mais ne pleurons pas. Notre temps gagne du terrain. Depuis quelques années le répertoire ne s’élargit pas seulement aux cercles baroques. Le XXe siècle sort de l’ombre. Des titres encore épars dans les années 1970 font aujourd’hui les beaux soirs de New York (Porgy and Bess, The Rake’s Progress, Akhnaten), de Munich (Le Nez, La Petite renarde rusée, Peter Grimes, Les Diables de Loudun), de Milan (Ariadne auf Naxos, The Tempest), de Paris (Fin de Partie, A Quiet Place, Wozzeck), enfin de partout. Et le XXIe progresse lui aussi, notamment aux USA où réside le compositeur vivant le plus joué sur notre planète, Philip Glass.
En France, le XIXe siècle finit avec Louise (1900) ; le XXe commence avec Pelléas et Mélisande (1902) puis découvre Ravel, Messager, Poulenc, Messiaen, des « classiques » aujourd’hui. Ici comme ailleurs se sont imposés Jenufa, Billy Budd, Lady Macbeth de Mzensk, L’Amour des trois Oranges, Le Château de Barbe-Bleue, Capriccio, La Ville morte, Lulu, Dialogues des Carmélites, Mahagonny, Le Grand Macabre, Flight, L’Amour de loin, Written on Skin… sans compter les pôles Turandot et Wozzeck qui orientent toujours nos oreilles cent ans après la première, les savants musicalsde Stephen Sondheim ou les expériences du théâtre musical.
C’est à eux tous que nous dédions la sixième Académie de la voix sous la gouverne de notre professeur invitée Dame Felicity Palmer, monumentale Leokadja dans Mahagonny, inoubliable Klytemnestra dans Elektra, inégalable prieure dans les Dialogues de Poulenc et créatrice de l’abbesse Josefa dans Love and Other Demons de Péter Eötvös.
Le bel canto romantique
Direction : Ivan Alexandre, musicologue, metteur en scène, assisté de Julien Benhamou, conseiller artistique en charge du casting du Festival International d’Art Lyrique d’Aix-en-Provence et d’Alain Perroux, directeur de l’Opéra national du Rhin.
Professeur invitée : Patrizia Ciofi
Chanteurs sélectionnés :
- Sopranos : Sandra Hamaoui et Libby Sokolowski
- Mezzo-sopranos : Eugénie Joneau et Héloïse Mas
- Ténors : Christopher Sokolowski et Valentin Thill
- Baryton : Ivan Thirion
- Basse : Brent Michael Smith
Pianistes et maîtres de chant : Nino Pavlenichvili et Antoine Palloc
En 1866, le vieux Rossini pose un regard plein de nostalgie sur l’art des castrats. « Leur suppression, écrit-il à l’historien Ferrucci, fut à l’origine de l’affreuse décadence du bel canto italien ».
« Affreuse décadence », en 1866 ! Mais qu’entend le compositeur de La Cenerentola et de Semiramide par bel canto ?
Ce beau chant remonte à la fin du XVIIe siècle. Il avait pour principe, non l’expression naturelle, mais l’essor surnaturel de la voix humaine vers les régions de l’âme où la parole n’a pas accès. De la « roulade » si décriée, que nous appelons aujourd’hui vocalise, Balzac dit même qu’ « elle traverse l’espace en semant dans l’air ses germes qui, ramassés par les oreilles, fleurissent au fond du cœur ».
Mais il n’y a pas que la roulade et le sport vocal. Ce beau chant touche d’abord par la maîtrise du souffle, l’onction de la ligne, la variété des couleurs – des coloratures exactement. Un jour qu’on demandait à Dame Joan Sutherland de définir le bel canto, elle répondit : « l’aigu piano ».
Si Rossini regrette le temps de Farinelli, lui-même appartient à cette première école romantique qui, non seulement ne veut pas renoncer aux prestiges du chant comme religion, mais lui ouvre des horizons inattendus. Ses successeurs Bellini et Donizetti à leur tour rendront hommage à cette conquête majeure de la culture italienne. Verdi même, qui s’était d’abord imposé contre l’ornement, finit dans Rigoletto ou La Traviata par pratiquer en maître cette ancienne magie.
C’est donc à eux que l’Académie de la voix consacrera sa cinquième édition, au cours d’une semaine aux Treilles dont le professeur invité sera l’immense belcantiste Patrizia Ciofi. Style, syntaxe, technique, répertoire, qui mieux que la soprano toscane peut transmettre aux jeunes artistes les secrets de ce chant tout à la fois sensuel et céleste ?
Concert de clôture du 30 octobre 2021
Trois siècles d’opéra français
Direction : Ivan Alexandre, musicologue, metteur en scène, assisté de Julien Benhamou, directeur du casting et de la coordination artistique de l’Opéra national de Bordeaux et d’Alain Perroux, directeur de l’Opéra national du Rhin.
Professeur invitée : Annick Massis
Chanteurs sélectionnés :
- Sopranos : Inna Kalugina et Catherine Trottmann
- Mezzo-sopranos : Alix Le Saux et Eva Zaïcik
- Ténor : Kaëlig Boché et Grégoire Mour
- Baryton : Igor Onishchenko
- Baryton-basse : Guilhem Worms
Pianistes et maîtres de chant : Annabel Thwaite et Alphonse Cemin
2019 a vu fêter les sept demi-siècles de notre Académie royale de musique, premier nom donné par Louis XIV à l’Opéra de Paris.
Exception culturelle avant l’heure, le genre institué en 1669 est plus qu’une forme particulière du théâtre chanté. C’est un art complet, hérité à la fois du ballet royal et de la déclamation tragique, en tout point distinct de l’opéra italien qui régnera longtemps sur l’Europe entière. Paradoxe fondateur : l’énergie chorégraphique se mêle dès l’origine à ce que le regretté directeur de l’École d’art lyrique Michel Sénéchal appelle un « chant de la prononciation ». Un art fondé à la fois sur le grand spectacle et sur les finesses d’une langue nourrie de « sens caché ».
Art singulier qui affirme sa singularité de Pomone à Saint-François d’Assise, élargi au gré des modes et des influences mais perpétué sans relâche par Rameau, Grétry, Berlioz, Gounod, Bizet, Massenet, Debussy, Poulenc et les autres. Art prétendu contraire au bel canto italien, pourtant universel par son histoire et ses héros. Ne doit-il pas ses chefs-d’œuvre aux Européens Lulli, Gluck, Meyerbeer, Rossini, Donizetti, Verdi, Offenbach ?
C’est cet art délicat mais assez puissant pour demeurer vivace trois siècles et demi après son invention que l’Académie de la voix se propose de transmettre au cours d’une semaine aux Treilles dont le professeur invité sera l’incomparable Annick Massis. Style, langage, technique, répertoire, qui mieux que la soprano parisienne peut aujourd’hui en transmettre les secrets ?
L’Académie de la Voix 2020 a eu le soutien de la Fondation Schlumberger pour la Culture et la Musique.
Mozart… et après
Direction : Ivan Alexandre, musicologue, metteur en scène, assisté de Julien Benhamou, directeur du casting et de la coordination artistique de l’Opéra national de Bordeaux et d’Alain Perroux, directeur de l’administration artistique du Festival d’Aix-en-Provence.
Professeur invitée : Dame Felicity Palmer
Chanteurs sélectionnés :
- Sopranos : Anna Dugan, Caroline Jestaedt et Cyrielle Ndjiki Nya
- Mezzo-sopranos : Adriana Bignagni Lesca et Natalie Pérez
- Ténor : Jérémie Schutz
- Baryton : Louis de Lavignère
- Baryton-basse : Jean-Fernand Setti
Pianistes et maîtres de chant : Annabel Thwaite et Antoine Palloc
« Ô privilège du génie », s’émerveille Sacha Guitry, « lorsqu’on vient d’entendre un morceau de Mozart, le silence qui lui succède est encore de lui ».
Si le silence qui suit Mozart est encore du Mozart, que dire de la musique ? Wagner nomme Don Giovanni « l’opéra des opéras ». A la fin de sa vie Gounod consacre un livre entier au même Don Juan, cette « suite ininterrompue de trésors » , ajoute Tchaïkovsky, « auprès desquels pâlit tout ce qui fut écrit avant et après ».
L’opéra qui succède à Mozart est encore de lui : c’est notre thème en 2019. Sous l’œil expert et attentionné de Dame Felicity Palmer, nous explorons ensemble les chemins divers et souvent contraires qui relient Mozart à ses disciples Weber, Donizetti, Gounod, Verdi, Offenbach, J. Strauss, Bizet, Tchaïkovski, R. Strauss, Messager, Korngold… Deux siècles de citations et d’hommages mais surtout de fidélité.
Fidélité à la recette magique où se mêlent expression, naturel, cantabile, incarnation, spectacle et simple vérité, qu’on appelle toujours sans pouvoir le définir mais en le cultivant parce qu’il fait du bien aux cordes vocales et aux oreilles, au corps et à l’esprit : le chant mozartien.
Mozart et Da Ponte
Direction : Ivan Alexandre, musicologue, metteur en scène, assisté de Julien Benhamou, directeur du casting et de la coordination artistique de l’Opéra national de Bordeaux et d’Alain Perroux, directeur de l’administration artistique du Festival d’Aix-en-Provence.
Professeur invitée : Dame Felicity Lott
Chanteurs sélectionnés :
- Sopranos : Sandrine Buendia et Marie Perbost
- Mezzo-sopranos : Adèle Charvet et Violette Polchi
- Ténor : Paco Garcia et Sebastian Monti
- Baryton : Michał Janicki
- Baryton Basse : André Courville
Pianistes et maîtres de chant : Edwige Herchenroder et Karolos Zouganelis
En 1783, Mozart est définitivement installé à Vienne. Le triomphe de son Entführung aus dem Serail vient de donner à la troupe allemande de la capitale ses lettres de noblesse. Quand soudain l’empereur change d’avis. Tout populaire qu’il soit, le Singspiel allemand n’a pas le prestige dont doit s’honorer une cour si glorieuse. Joseph II décrète donc la fondation d’une compagnie d’opera buffa italienne supervisée par le compositeur Antonio Salieri…
… où Mozart espère réussir encore une fois. Mais l’histoire ralentit. Deux tentatives échouent, et la première œuvre qu’il fera jouer à la troupe n’aura lieu que trois ans plus tard. Quelle œuvre ! Ce sont ces Nozze di Figaro qu’il parvient à donner au Burgtheater le 1er mai 1786 alors que le Mariage de Figaro de Beaumarchais reste interdit à Vienne. Succès plus modeste que celui du Serail, mais assez retentissant pour que l’empereur doive édicter une règle spéciale : il sera désormais interdit de bisser les ensembles. Seuls les airs pourront être chantés deux fois si les applaudissements l’exigent.
C’est que les rivaux en mélodie – les Paisiello, les Cimarosa, les Salieri – enchantent le public, alors que personne, ni avant ni après, ne peut rivaliser avec les duos, les trios, les sextuors et les finales éblouissants de Figaro.
Mozart en ce domaine peut remercier sa muse, mais aussi le poète qui a permis ce miracle : l’abbé Lorenzo Da Ponte, librettiste serviable et inspiré qui, comme lui, possède le don magique d’effacer les frontières entre buffo et seria, entre petit et grand, entre jeu et vie.
Après ce Figaro fondateur, les compères réaliseront ensemble Don Giovanni (Prague 1787) et enfin Così fan tutte (Vienne 1790), trio de chefs-d’œuvre unique par sa densité, sa diversité, sa cruauté, sa simple vérité.
C’est à cet inépuisable triptyque qu’est consacrée la deuxième édition de notre Académie de la Voix, sous la supervision de Dame Felicity Lott, qui connaît ces personnages, ce chant et ces sentiments comme personne.
L’opéra seria de Haendel à Mozart
Direction : Ivan Alexandre, musicologue, metteur en scène, assisté de Julien Benhamou, directeur du casting et de la coordination artistique de l’Opéra national de Bordeaux et d’Alain Perroux, directeur de l’administration artistique du Festival d’Aix-en-Provence.
Professeur invitée : Yvonne Kenny
Chanteurs sélectionnés :
- Sopranos : Harmonie Deschamps et Léa Frouté
- Mezzo-sopranos : Ambroisine Bré, Victoire Bunel, Anna Dowsley
- Ténor : Yu Shao
- Contre-ténor : Paul-Antoine Benos
- Baryton-basse : Thibaut de Damas
Pianistes et maîtres de chant : Rūta Lenčiauskaitė et Gary Matthewman
Souvenir vague et d’une époque lointaine, l’opéra seria avait disparu. Durant tout le XIXe siècle et la majeure partie du XXe, il représentait l’art abstrait et artificiel des castrats, supplanté par le chant émotionnel et « réaliste » des Romantiques qui représente aujourd’hui encore l’essentiel de notre répertoire.
Jusqu’à ce qu’il sorte du silence à la faveur d’une double résurrection : celle du chant « rossinien » et celle de l’opéra baroque. On s’aperçut alors que ces vocalises, ces ornements, ces cadences improvisées, ce langage oublié n’avaient rien d’un catalogue gratuit mais tout, au contraire, d’un idéal.
Né vers 1700, supplanté par la tragédie gluckiste et l’opéra bouffe avant 1800, le bel canto de Porpora, de Haendel ou du jeune Mozart faisait du chant le sujet même de la composition. Surhumain, le chanteur était le messager terrestre d’un don divin, maître d’un art qui ouvrait au public la porte du ciel. « One God, One Farinelli ! », s’exclamait-on à Londres en 1735.
Mais de quel art parlons-nous ? Depuis bientôt un demi-siècle, l’opéra seria de Haendel (Alcina, Ariodante, Giulio Cesare…) comme celui de Mozart (Mitridate, Lucio Silla…) ont gagné sur la scène moderne une place qu’ils n’avaient pas même de leur temps. Rares jusque dans les années 1980, on les applaudit désormais de Sydney à Aix-en-Provence et du Staatsoper de Vienne au Met de New York. Mais dans quelles conditions ? Que chantons-nous au juste ? De quelle manière ? Que savons-nous du bel canto perdu, que pouvons-nous en apprendre et à quelles fins ?
C’est pour répondre à ces questions, plus délicates qu’il ne paraît, que la Fondation des Treilles a voulu consacrer la première édition de sa nouvelle académie vocale à l’opéra seria. Sous la direction de spécialistes et de praticiens, la pratique répond à la théorie afin que résonne dans l’avenir, avec plus de force encore, le beau chant retrouvé.
Concert de clôture du 3 novembre 2017